Le gouvernement nippon a tranché cet épineux dossier, ce mardi 13 avril. Tokyo va en effet « solder » la catastrophe nucléaire de Fukushima via un rejet dans l’océan Pacifique de l’eau contaminée issue du refroidissement des réacteurs de la désormais tristement célèbre centrale japonaise.
« Nous estimons que les rejets dans l’océan sont réalistes, dès lors qu’ils seront réalisés en toute sécurité », a argué devant la presse Yoshihide Suga, le Premier ministre japonais.
Le Monde précise que cette décision trouve sa justification par la limite des capacités de stockage dans l’enceinte de la centrale, qui devrait être atteinte à l’automne 2022. Le 18 mars, 1,25 million de tonnes d’eau dormaient en effet dans plus de 1000 réservoirs. Par ailleurs, la quantité augmente de 141 tonnes par jour.
Selon le média, le déversement devrait commencer dans deux ans, une fois obtenu l’aval de l’Autorité de régulation du nucléaire (ARN), gendarme de l’atome nippon. Car 80 % de l’eau stockée reste, malgré un traitement par le système de filtration ALPS (Advanced Liquid Processing System), chargée de soixante-deux nucléides, dont du strontium-90 et du césium-137, à des niveaux supérieurs aux normes environnementales.
Le tsunami de 2011 fatal
Cet accident industriel majeur est survenu au pays du soleil couchant après le tsunami du 11 mars 2011. Il s’agit de la deuxième catastrophe de centrale nucléaire de l’histoire, classée au niveau 7, le plus élevé sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl (1986), en particulier par le volume important des rejets radioactifs dans l’océan Pacifique.
L’accident nucléaire de Fukushima est ce qu’on appelle au Japon « un Genpatsu-shinsai », un accident combinant les effets d’un accident nucléaire et d’un séisme. Le tsunami consécutif au séisme a mis hors service le système de refroidissement principal de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, entrainant la fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 ainsi que la surchauffe de la piscine de désactivation du réacteur
Démantèlement complet des installations pour les années 2050/2060
La catastrophe a eu des répercussions sur l’industrie nucléaire mondiale, ainsi que des conséquences majeures au Japon, pour la centrale, les populations locales, l’approvisionnement électrique, ainsi que l’industrie nucléaire du pays. Hors service depuis l’accident, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi devra être démantelée pendant une durée initialement évaluée à quarante ans.
Les réacteurs sont refroidis par 200 m3 d’eau par jour. Contaminé par 16 g de tritium6, le million de m3 de cette eau actuellement stockée pourra, selon le gouvernement japonais, être rejeté dans la mer sans danger après filtrage des autres éléments.
Les opérations de démantèlement de la centrale ont commencé avec le retrait des éléments combustibles des piscines de désactivation des tranches 4 (en décembre 2014) et 3 (en mars 2021), le retrait du combustible des 2 dernières piscines (tranches 1 et 2) est prévu vers 2023, ensuite interviendra le retrait du combustible fondu, puis le démantèlement complet des installations pour les années 2050/2060.