L’association française dirigée par l’avocat Sylvain Cormier lutte contre les erreurs judiciaires en forçant les autorités à rouvrir des dossiers de condamnés à des peines extrêmement lourdes. Le projet n’est autre que la déclinaison française de la « maison-mère » née aux USA en 1992.
Dans les faits, les dossiers ne sont étudiés que si un fait nouveau apparaît, une largesse ou un élément qui ne colle pas dans le jugement ou l’enquête initiale. Pour présenter au mieux la mission d’Innocence Project, revenons sur l’intervention de Fernando Bermudez à l’Université Lyon 3, début 2014.
Condamné à tort à perpétuité aux États-Unis, l’homme a retrouvé sa liberté grâce au travail extraordinaire de la structure. Un marasme judiciaire digne d’un polar noir F.Bermudez déambule dans l’amphithéâtre à la manière d’un Martin Luther King. Sa gestuelle, son charisme rendent l’instant vraiment émouvant. Et pour cause, il dépeint ses longues années d’errance et d’espoir dans les geôles américaines.
Une tragédie pas si rare
L’histoire de cet homme est bouleversante, digne du Comte de Monte-Cristo comme il aime à le souligner. « Il y a 23 ans, ma vie a pris un tournant improbable. J’avais des projets, un avenir dans le domaine médical mais des flics corrompus ont détruit ma vie. » D’un ton rageur, Fernando dépeint sa chute. « On m’a accusé à tort d’un meurtre que je n’avais pas commis, je croyais à la justice de mon pays, j’avais prêté serment mais tout avait été savamment organisé pour que je sois le seul et unique coupable. »
En effet, la procédure de visionnage des photos de suspects présentées aux témoins fut totalement viciée. Les amis de Fernando et même les proches de la victime ont assuré qu’il n’avait aucun lien avec cette tragédie, pourtant aucun de ces témoignages ne fut pris en compte. Le début de la fin pour lui. « Le marteau a retenti, j’étais coupable. On m’a poussé dans un bus en direction de l’une des plus grandes prisons du pays, loin de mes proches. »
S’en suit une période interminable d’appels rejetés les uns après les autres. Jusqu’au jour où un juge rouvrit le dossier sous la pression d’une population consternée par la situation. C’est là qu’entre en jeu l’association du Projet Innocence. Après des mois d’investigation, l’homme retrouve la liberté.
« Notre but est de rétablir le cours de la justice »
Lors de sa première année d’existence, l’association de Sylvain Cormier a reçu cinquante dossiers. Seulement deux ont été retenus. Ce sont des mois de recherches acharnées qui permettront de trouver l’élément nouveau qui pourrait faire pencher la balance pour ces victimes du système pénal. « Le moindre doute est aujourd’hui pris en compte pour qu’une requête en révision soit retenue », surligne ainsi ‘avocat.
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Mathieu Portogallo