Le site Ndar Info confirme que la Mauritanie compte à ce jour 5 coups d’Etat depuis 1978. Un record sur le continent qu’elle partage avec le Burkina Faso, le Ghana, le Burundi, le Soudan et le Bénin.
Le média pointe en effet une extrême largesse de gouvernance depuis 40 ans et dépeint un triste tableau de ce pays membre de l’Union du Maghreb arabe (UMA) depuis 1989.
Dans les faits, la Mauritanie affiche au compteur 5 coups d’Etat, 7% de réussite au Bac en 2021 et plus de 80% de Mauritaniens vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Un bilan luniaire lié en majeure partie à un interventionnisme militaire très encombrant.
Un esclavagisme également omniprésent
Parallèlement, face à l’esclavagisme galopant régnant sur le territoire, le leader du mouvement abolitionniste de l’IRA, Biram Dah Abeid, monte régulièrement au créneau pour remettre les points sur les i dans ce dossier. En atteste son intervention dans un meeting en début d’année 2020 pour dénoncer le déni gouvernementale en la matière.
« Je suis d’accord avec le chef de l’Etat (Mohamed Ahmed El-Ghazouani) quand il dit que la Mauritanie n’institutionnalise pas l’esclavage dans ses lois modernes. Mais la Constitution stipule que la source de la loi en République islamique de Mauritanie, c’est la charia. Et la charia islamique veut dire ici rite malékite. (Dans les faits), le rite malékite légitime non seulement l’esclavage mais il le codifie et le sacralise ! »
Face à ce déni étatique, l’intéressé (engagé sous la bannière du parti Sawab; une alliance qui lui permet d’aligner des candidats lors des différentes échéances électorales NDLR) veut désormais aller plus loin et demande à l’ONU d’ouvrir une enquête en la matière.
Et pour cause, la position de l’Etat sur cette accablante réalité peut laisser perplexe, puisque outre son abolition en 1981, ce dernier a également érigé l’esclavage au rang de crime contre l’humanité, en vertu d’une loi votée en août 2015. Un texte sensé sanctionner les contrevenants à des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement, contre 5 à 10 ans auparavant.
Néanmoins, dans les faits, les résultats demeurent aux abonnés absents, puisque 43 000 personnes subissaient encore les conséquences de l’esclavage en 2016. Soit environ 1% de la population totale, souligne un rapport d’Amnesty International. Un chiffre qui continuera à prospérer, donc, faute d’une réelle volonté gouvernementale d’inverser la tendance.
Des lois fantômes
« Les lois n’ont pas été mises en œuvre ni appliquées de manière adéquate. En conséquence, ces textes n’ont vraiment eu aucune incidence sur la vie des gens », pestait ainsi en mars 2020 Alioune Tine, le directeur de l’organisation pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Quant à François Patuel, chercheur pour l’Afrique de l’Ouest, ce dernier tirait à boulets rouges sur la langue de bois des autorités « qui ont choisi de s’en prendre à ceux qui s’opposent au discours officiel ».
Mathieu Portogallo