Alors que les rayons des supermarchés sonnent de plus en plus creux et que l’inflation flirte avec les 10% et le chômage 18%, la Tunisie accuse sérieusement le coup. La crise économique menace le territoire telle une épée de Damoclès. Résultat, la grogne sociale s’amplifie chaque jour davantage.
Les produits de première nécessité sont en effet aux abonnés absents au pays du Jasmin. Concrètement, il est désormais difficile de trouver de la semoule, des pates, du riz, de l’huile végétale ou encore du sucre. La situation est tellement symptomatique que les rares denrées disponibles font l’objet d’un rationnement.
Aicha, une Tunisienne sollicitée par Africa News, ne mâche logiquement pas ses mots au moment de commenter ce marasme économico-social :
« Il n’est pas possible de vivre sans nourriture. Nous pouvons vivre sans meubles, sans bâtiment ou sans rien d’inutile, mais manger est une chose nécessaire, surtout à des occasions comme l’Aïd, le Ramadan ou le Moulid. Et nous ne pouvons pas nous passer des ingrédients de base, quoi qu’il arrive », martèle ainsi l’intéressée.
Dans les faits, la Tunisie connaît une vague d’immigration vers l’Europe très inquiétante depuis plusieurs années. Et cela, malgré le Printemps arabe. Ces vents contraires, qu’ils soient alimentaires, énergétiques ou au niveau de la faiblesse de l’offre d’emplois vont donc multiplier ces vagues de départs, incontrôlables et toujours risquées d’un point de vue sécuritaire.
Des départs souvent synonymes de mort
Ces départs sont malheureusement souvent synonymes de mort. Le naufrage – début septembre, d’une embarcation de fortune, au large de Chebba, dans la région de Mahdia en est l’exemple le plus parlant. Ce drame a en effet coûté la vie à 11 Tunisiens tentant de rejoindre désespérément l’Italie. Le bateau était parti d’El Awabed, dans la région de Sfax.
Selon Zone Bourse, qui relaie l’information, « les garde-côtes (tunisiens) ont toutefois sauvé 14 migrants qui se trouvaient sur le bateau surpeuplé ». Par ailleurs, « 12 autres sont toujours portés disparus alors que près de 37 personnes se trouvaient à bord ».
Concrètement, « le littoral de Sfax est devenu un point de départ majeur pour les personnes fuyant la pauvreté en Afrique et au Moyen-Orient pour une chance d’une vie meilleure en Europe ». Notamment vers la Grande Botte, qui permet par la suite aux migrants de gagner l’intérieur du Vieux continent.
L’Italie s’inquiète d’une nouvelle vague de migrants tunisiens
Ce n’est pas nouveau, le géant transalpin se plaint depuis de nombreuses années de ce phénomène humain regrettable; Le fief de Silvio Berlusconi n’étant pas en mesure d’accueillir ces gens, et la Tunisie dans l’incapacité de les satisfaire.
Du côté de Tunis, on ne nie d’ailleurs pas les faits, à l’image de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) qui confirme que l’ensemble des régions de l’Etat maghrébin sont touchées par cette vague de départs (vers Italie mais pas uniquement). Sachant que ce phénomène surpasse allègrement le Printemps arabe, au cours duquel 30000 Tunisiens avaient choisi de quitter irrégulièrement le territoire.
Une aide financière italienne suffisante ?
Pour information, une délégation présidée par le ministre des Affaires étrangères italien, Luigi Di Maio, s’était entretenue en août 2020 avec le président tunisien, Kaïs Saïed. Rome annonçait dans la foulée qu’une enveloppe de 10 millions d’euros financerait des entreprises tuniso-italiennes pour tenter d’endiguer le phénomène.
Parallèlement, le président tunisien insistait sur « l’importance d’une approche globale et concertée en matière d’immigration, basée essentiellement sur la lutte contre la pauvreté et le chômage ».
Force est de constater que ces mesures n’ont toujours pas porté leurs fruits…