Les tensions entre l’Algérie et la France augmentent avec la convocation de l’ambassadeur français à Alger

Algérie

La relation entre la France et l’Algérie a franchi un nouveau seuil de tension, marquée par la convocation de l’ambassadeur français en Algérie, Stéphane Romatet, par les autorités algériennes. Cette démarche fait suite à des accusations graves portées contre Paris, notamment celle d’une prétendue opération secrète menée par les services de renseignement français pour déstabiliser le pays en recrutant des terroristes algériens repentis. Une accusation que Paris qualifie d’« absurde » et de « fantasmagorique ».

La convocation de l’ambassadeur a eu lieu le 12 décembre, mais son contenu n’a été révélé que trois jours plus tard. Selon le ministère algérien des Affaires étrangères, la France a porté atteinte à la « souveraineté algérienne » par ses actions. Outre l’accusation de complot, les autorités algériennes dénoncent un « climat de haine » contre l’Algérie dans les médias français et un soutien implicite à des individus opposés au gouvernement algérien par l’ambassade française à Alger.

Cette crise a des racines plus profondes, notamment le changement de position de la France sur le dossier du Sahara occidental. Le 30 juillet, Emmanuel Macron a envoyé une lettre au roi du Maroc pour exprimer la reconnaissance de la France de la « souveraineté marocaine » sur le territoire disputé entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Cette déclaration a provoqué une réaction vive d’Alger, qui voit dans cette évolution un renversement des alliances historiques.

Les tensions entre les deux pays se sont intensifiées depuis novembre avec une série d’incidents, notamment les controverses autour du roman Houris de Kamel Daoud, qui a été la cible de critiques acerbes en Algérie, et l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des propos jugés offensants à l’égard de la frontière entre l’Algérie et le Maroc.

Les autorités algériennes ont également envisagé des rétorsions économiques contre la France. En novembre, des mesures restrictives ont été mises en place visant à limiter les échanges commerciaux avec les entreprises françaises, bien que ces mesures aient été annulées rapidement en raison de leurs conséquences néfastes pour l’économie algérienne. Au lieu de cela, l’Algérie a préféré adopter une approche plus ciblée, entravant les activités d’entreprises françaises en imposant des obstacles administratifs et fiscaux.

La question qui se pose désormais est de savoir jusqu’où ira cette escalade diplomatique. Les tensions actuelles semblent plus graves et durables que les crises précédentes, comme celles de 2021 et 2023, qui avaient été relativement brèves. Selon certaines sources, la France reste jusqu’ici relativement silencieuse, ce qui alimente la frustration en Algérie. Le climat entre les deux pays est de plus en plus tendu, et la restauration de la confiance semble de plus en plus difficile à envisager.