Le Maroc entame une nouvelle étape dans la révision de son code de la famille, une initiative lancée par le roi Mohammed VI. Cette réforme, présentée le 24 décembre, aborde plusieurs sujets sensibles comme le mariage des mineures, les droits des femmes en matière de tutelle et d’héritage. Cependant, ces propositions suscitent des critiques, notamment de la part des militants pour les droits des femmes qui jugent les mesures insuffisantes pour atteindre une véritable égalité.
Principales propositions de réforme
Parmi les mesures avancées par le ministre de la Justice, Abdelatif Ouahbi, figurent une limitation des dérogations permettant le mariage des mineures. Désormais, ces dérogations ne pourraient être accordées qu’à partir de l’âge de 17 ans, contre 15 ans actuellement. Toutefois, l’âge légal du mariage reste fixé à 18 ans.
La question de la tutelle parentale connaît également une évolution importante. Jusqu’ici réservée exclusivement au père, cette tutelle pourrait être partagée entre les deux parents, même après un divorce. De plus, les mères remariées ne risqueraient plus de perdre la garde de leurs enfants.
Héritage et polygamie : des avancées limitées
Concernant l’héritage, une des questions les plus controversées, les femmes pourraient bénéficier de dons sans restriction, même si elles sont mineures. Cependant, le principe de base selon lequel les femmes héritent de la moitié de la part des hommes n’est pas modifié.
En ce qui concerne la polygamie, bien qu’elle demeure possible, certaines conditions seraient renforcées. L’accord de l’épouse deviendrait obligatoire pour inclure cette pratique dans les clauses du contrat de mariage.
Un processus de réforme encadré
Cette réforme, initiée par le roi Mohammed VI en 2022, a fait l’objet d’études approfondies par un comité d’experts. Les propositions ont été soumises au conseil supérieur des Oulémas, organe compétent en matière de textes religieux, pour avis. Elles devront à présent suivre le circuit législatif, dont le calendrier reste incertain.
Du chemin à parcourir avant l’égalité totale
Malgré ces avancées, les associations féministes et les défenseurs des droits des femmes considèrent que les réformes restent en deçà des attentes. Ils continuent de plaider pour l’abolition totale du mariage des mineures, la fin de la polygamie et une égalité stricte en matière d’héritage.
Adopté en 2004, le code de la famille avait marqué une avancée pour les droits des femmes, mais il était déjà jugé insuffisant à l’époque. Cette nouvelle réforme constitue une étape supplémentaire, mais le chemin vers une pleine égalité reste semé d’embûches.