Joseph Aoun : Cinq faits sur le nouveau président du Liban

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Après plus de deux ans de vacance présidentielle, le Liban a élu un nouveau chef d’État. Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée libanaise, a pris ses fonctions jeudi 9 janvier à la tête d’un pays en proie à de profondes divisions politiques et économiques. Âgé de 61 ans, cet homme respecté pour son intégrité et son expertise politique s’est engagé à restaurer le rôle central de l’État dans la vie publique. Voici cinq éléments clés à connaître sur ce militaire devenu président.

1. Une carrière militaire exemplaire

Originaire des environs de Beyrouth, Joseph Aoun a rejoint les rangs de l’armée libanaise en 1983, en pleine guerre civile. Il a gravi les échelons grâce à sa formation en contre-terrorisme et ses missions sensibles, notamment à la tête de la 9e brigade d’infanterie chargée de la sécurité à la frontière syro-libanaise. En 2017, il a été nommé commandant en chef de l’armée, un poste qu’il a occupé avec un objectif clair : préserver l’institution militaire des luttes confessionnelles et politiques, faisant de l’armée un symbole d’unité nationale.

2. Aucun lien familial avec Michel Aoun

Malgré un patronyme commun, Joseph Aoun n’a aucun lien de parenté avec Michel Aoun, ancien président libanais dont le mandat s’est achevé en 2022. Tous deux appartiennent toutefois à la communauté chrétienne maronite, conformément au système confessionnel du Liban, où la présidence est réservée à cette confession. La paralysie politique qui a suivi le départ de Michel Aoun a perduré jusqu’à ce que Joseph Aoun recueille un rare consensus parmi les députés, mettant fin à des mois d’impasse institutionnelle.

3. Une élection fruit d’un compromis

Initialement, le Hezbollah et ses alliés avaient bloqué l’élection de Joseph Aoun en votant blanc lors d’un premier tour. Après une série de discussions et de négociations, ces partis ont finalement apporté leur soutien, permettant au candidat de réunir 99 voix sur 128 au Parlement. Sa capacité à diriger une armée multiconfessionnelle a renforcé son image de rassembleur et d’homme d’État compétent.

4. Une vision centrée sur le renforcement de l’État

Lors de son discours d’investiture, Joseph Aoun a souligné l’importance de restaurer l’autorité de l’État dans un pays marqué par une crise économique profonde, l’explosion du port de Beyrouth en 2020, et des tensions persistantes avec Israël. Il a promis de restructurer les institutions publiques et d’assurer le monopole de l’État sur l’usage de la force, en réponse à l’influence du Hezbollah. Le président a également exprimé son intention de soutenir les régions marginalisées du sud et de l’est, durement touchées par les récents affrontements avec Israël.

5. Un accueil favorable sur la scène internationale

L’élection de Joseph Aoun a été bien reçue à l’étranger, notamment par les États-Unis, le Qatar, l’Arabie saoudite et la France, qui voient en lui une opportunité de stabilisation pour le Liban. Emmanuel Macron a assuré son soutien lors d’un entretien téléphonique, promettant une aide pour former un gouvernement capable de relever les défis économiques et sécuritaires. L’Iran, tout en félicitant Joseph Aoun, a réaffirmé son soutien au Hezbollah et sa posture face à Israël, alors que le nouveau président libanais s’efforce de maintenir un équilibre fragile dans ses relations régionales.

Avec cette élection, Joseph Aoun hérite d’un mandat complexe dans un pays en quête de stabilité et de réformes. Sa feuille de route sera scrutée de près, tant au Liban qu’à l’étranger.