Algérie : record d’expulsions de migrants vers le Niger l’année dernière, d’après une ONG

Algérie

L’Algérie a enregistré un chiffre record d’expulsions de migrants vers le Niger en 2024. Selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara (APS), au moins 31 404 personnes ont été refoulées à la frontière entre les deux pays. Cette statistique dépasse largement celles des années précédentes, notamment 2023, qui comptabilisait 26 031 expulsions.

Des expulsions dans des conditions alarmantes

APS, qui intervient pour porter assistance aux migrants dans le désert entre l’Algérie et le Niger, dénonce des pratiques marquées par des « traitements brutaux » pouvant entraîner des conséquences mortelles. L’ONG souligne également que parmi les expulsés figurent des femmes et des mineurs, souvent confrontés à des conditions de rapatriement inhumaines.

Depuis janvier 2024, près de 20 000 migrants auraient été expulsés, selon un rapport précédent de l’organisation. Ces migrants, issus du Niger mais aussi d’autres pays africains, sont arrêtés lors de rafles dans les zones urbaines, à leur domicile, sur leur lieu de travail ou à proximité de la frontière tunisienne. Ils sont ensuite regroupés à Tamanrasset, dans le sud de l’Algérie, avant d’être transportés en camions jusqu’à la frontière nigérienne.

Une situation sous tension

Face à ces expulsions, les tensions diplomatiques entre Alger et Niamey se sont intensifiées. Les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie en avril dernier pour protester contre la violence présumée de ces opérations de rapatriement. Alger, de son côté, a rejeté ces accusations, les qualifiant de « sans fondements ».

Cette question s’inscrit dans un contexte régional complexe. En novembre 2023, le nouveau régime militaire nigérien, issu d’un coup d’État, a abrogé une loi de 2015 qui criminalisait le trafic de migrants. Cette modification a entraîné une augmentation de la circulation des personnes sur les routes migratoires, sans crainte des sanctions précédemment appliquées.

Un contraste avec la situation en Libye

Parallèlement, la Libye a procédé à des expulsions encadrées par des escortes militaires. Le 1er janvier, 770 migrants nigériens refoulés de Libye ont été accueillis dans la localité de Dirkou, au Niger, dans une opération coordonnée avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Cette approche contraste avec les expulsions algériennes, critiquées pour leur manque d’encadrement et leurs risques pour les migrants.

Appels à une réponse humanitaire

Alarme Phone Sahara exhorte les autorités algériennes et nigériennes à trouver des solutions respectueuses des droits humains pour gérer les flux migratoires. L’ONG appelle à une coopération accrue entre les pays concernés et les organisations internationales pour garantir la sécurité et la dignité des migrants sur ces routes dangereuses.