Syrie : Bachar el-Assad a-t-il réellement l’intention d’entamer des négociations de paix ?

Moyen-Orient

Alors que les Nations Unies ont récemment adopté à l’unanimité une résolution ouvrant la voie à des négociations de paix début 2016 entre le régime syrien et les groupes rebelles locaux, Bachar el-Assad mène une politique dépourvue de toute lisibilité.

Le Secrétaire d’État américain, John Kerry, ne cachait pas sa satisfaction au moment d’annoncer cette mesure chargée d’apporter un peu de quiétude dans un pays dévasté par la guerre : « Ce texte envoie un message clair à tous pour dire qu’il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie.  » Ce dernier en a profité pour saluer dans la foulée « l’unité sans précédent des grandes puissances. »

Il est vrai que dans un esprit humaniste et démocratique, personne ne peut contester la portée d’une telle opportunité diplomatique, bien que relevant quelque peu de l’utopie. Mais force est de constater que cette volonté ne semble pas être réellement partagée par le régime syrien. Certaines figures emblématiques de groupes d’opposition sont en effet, depuis, la cible des forces gouvernementales.

Les pourparlers de paix en danger ?

Le premier incident, et pas des moindres, s’est produit le 25 décembre dernier. Zahrane Allouche, le chef de Jaïch al-Islam (le plus important groupe armé de Damas et partie prenante aux négociations), trouvait la mort dans un raid aérien revendiqué par le régime syrien. L’un des responsables du mouvement ne cachait d’ailleurs pas son désarroi : « L’opération a été menée par deux avions du gouvernement dont les missiles, fournis par la Russie, ont fait mouche. » Pour rappel, Jaïch al-Islam compte plus de 10 000 hommes en Syrie et reste très hostile à la politique d’el-Assad ainsi qu’aux massacres perpétrés par l’Etat Islamique, qu’il juge trop radicaux.

Quant au second, il est intervenu le 30 décembre lorsque deux leaders de la principale organisation d’opposition du régime, le Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND) furent arrêtés par les autorités syriennes. Ce nouvel épisode risque de présenter un autre frein conséquent aux projets de la coalition internationale, car le CCND s’affirme également comme une partie active des pourparlers de paix chapeautés par l’ONU.

Ce constat, Yehia Aziz, porte-parole du groupe, le condamne d’ailleurs avec vigueur : « Ahmed al-Asrawi et Mounir al-Bitar, ont été arrêtés à la frontière libanaise alors que ces derniers devaient assister à une nouvelle réunion de la Haute commission de l’opposition en vue d’éventuelles négociations avec le régime. (…) Lorsque l’on souhaite une solution politique, on n’a pas recours à de tels procédés ! » Difficile de lui donner tort effectivement.

Quoi qu’il en soit, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, aura la lourde charge de piloter les pourparlers, si négociations il y a…

Mathieu Portogallo

Sources : Le FigaroLibérationRomandie

La rédaction
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