Les conditions météorologiques difficiles combinées à un hébergement précaire ont entraîné la mort tragique de six bébés dans la bande de Gaza, selon les autorités locales et des témoignages recueillis par divers médias.
Sila, une petite fille de seulement 20 jours, a été retrouvée sans vie par son père dans un camp de réfugiés à Al-Mawasi, au sud de Gaza. « Son visage était bleu à cause du froid », a confié son père à la BBC. La famille, comme beaucoup d’autres, survit dans des conditions rudimentaires, souvent sous des morceaux de tissu insuffisants pour se protéger du froid et des intempéries. Selon le docteur Ahmad al-Farra, directeur du service de pédiatrie de l’hôpital Nasser, la fillette a succombé à une hypothermie sévère, ayant conduit à un arrêt cardiaque.
Une série de drames similaires
D’autres cas similaires ont été signalés. Le 24 décembre, deux nouveau-nés de moins d’un mois sont morts à l’hôpital, victimes de la même cause. Au total, six nourrissons ont péri d’hypothermie au cours des deux dernières semaines, selon les chiffres du ministère de la Santé géré par le Hamas et de l’agence palestinienne Wafa. L’Unicef a qualifié ces drames de « tragédies évitables ».
Malgré ces données, des doutes ont été exprimés sur les réseaux sociaux concernant les causes de ces décès. Certains internautes ont affirmé, à tort, que les températures à Gaza ne pouvaient pas être assez basses pour provoquer de telles morts. Pourtant, entre le 23 décembre et le 1er janvier, les relevés météorologiques indiquent que les températures nocturnes oscillérent entre 7 et 12 degrés Celsius. Ces conditions, combinées à des habitations inadaptées, s’avèrent dramatiques.
Des conditions de vie critiques
Claire Nicolet, responsable des opérations à Gaza pour Médecins sans frontières, a décrit une situation alarmante. « Il pleuvait jusqu’au 31 décembre. Il y avait des inondations, même dans les structures médicales. Les gens vivent sous des morceaux de tissu et manquent cruellement de couvertures », a-t-elle expliqué. L’accès aux biens essentiels est limité : les camions d’aide, bien que présents, sont insuffisants pour répondre aux besoins massifs.
Cette crise est exacerbée par le conflit en cours, déclenché après les attaques du Hamas en octobre 2023. La rareté des ressources, notamment en bois et en carburant, empêche les déplacés de se chauffer correctement.
Une vulnérabilité accrue des nouveau-nés
Les nourrissons sont particulièrement vulnérables à l’hypothermie en raison de leur faible réserve de graisse sous-cutanée et de leur incapacité à frissonner. Ils perdent de la chaleur jusqu’à quatre fois plus rapidement qu’un adulte. Cette vulnérabilité est aggravée par la saturation des structures de santé : sur les 36 hôpitaux de la bande de Gaza, seuls 17 fonctionnent partiellement, selon un rapport de l’OMS daté de décembre 2023.
Environ 50.000 femmes enceintes vivent actuellement dans la bande de Gaza, et 5.500 accouchements étaient prévus en décembre. Alors que janvier, le mois le plus froid de l’année, s’installe, la situation reste critique pour les nouveau-nés et leurs familles. Les appels à une aide humanitaire urgente se multiplient pour éviter d’autres pertes humaines.