Dans un entretien exclusif au journal L’Opinion, Abdelmadjid Tebboune a exprimé ses préoccupations concernant la détérioration des relations entre l’Algérie et la France, qualifiant la situation de « climat délétère » et de rupture qui pourrait devenir « irréparable ». Selon le président algérien, le dialogue entre les deux pays est aujourd’hui quasiment interrompu, à l’exception des relations commerciales, soulignant que « plus rien n’avance » sur le plan politique.
Les tensions diplomatiques entre les deux nations se sont intensifiées depuis l’annonce par la France, fin juillet, de son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara occidental. Ce territoire, au statut contesté par l’ONU, est au cœur d’un conflit de longue date entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis, soutenus par l’Algérie. Depuis, les différends entre Paris et Alger n’ont cessé de se multiplier.
Dans ce contexte, Abdelmadjid Tebboune a appelé à une reprise du dialogue, soutenant la position exprimée par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Toutefois, selon ce dernier, des déclarations politiques fortes sont nécessaires pour relancer cette dynamique. « Il appartient au président français, aux intellectuels et aux partisans de cette relation de faire entendre leurs voix », a affirmé Jean-Noël Barrot, précisant que ce rôle ne lui incombait pas. Pour lui, la République française se résume avant tout à son président.
En parallèle, le président algérien a abordé la situation de l’écrivain Boualem Sansal, actuellement incarcéré après avoir critiqué le pouvoir algérien. Tebboune a minimisé cette affaire, la qualifiant de « problème pour ceux qui l’ont créé » et soulignant qu’elle visait à mobiliser l’opinion contre l’Algérie. « D’autres cas de binationaux n’ont pas suscité autant de solidarité », a-t-il ajouté, rejetant les accusations sur la manière dont la situation était exploitée à des fins politiques.